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"Meurtres à la pause déjeuner" de Viola Veloce - la chronique #32 du Club des Explorateurs

"Meurtres à la pause déjeuner" de Viola Veloce - la chronique #32 du Club des Explorateurs

Lancé en janvier 2015, le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.

Cette semaine, Régine a choisi Jacqueline pour partager sa lecture et son avis sur le livre Meurtres à la pause déjeuner de Viola Veloce (Liana Levi).

 

L'avis de Régine

J'avoue de suite avoir éprouvé une difficulté constante à demeurer attentive au contenu du roman... Difficulté aussi à lui trouver une place dans le genre littéraire. Le titre laisse à penser qu'il s'agit d'un roman policier ou d'un thriller et sous-entend évidemment une écriture à suspens. Je débute ma lecture sans a priori car j'aime les polars et je ne connais pas du tout l'auteur.

Francesca Zanardelli, personnage principal, est la narratrice de l'histoire qui va se dérouler en 248 pages. Tout de suite le ton est donné par la découverte macabre du corps de sa collègue (qu'elle avoue ne pas aimer) dans les toilettes au retour de la pause déjeuner. Je n'arrive pas à trouver plausible le comportement de cette Francesca lorsqu'elle décrit l'instant fatal où ses yeux découvrent deux pieds abandonnés dépassant dessous la porte des toilettes. Elle prend tout son temps à décrire la position du corps puis elle crie. Elle se précipite au 4e étage - où se trouve le bureau du directeur (qui ne reçoit que sur rendez-vous), elle déroge à la règle car la cause est la découverte d'une morte. J'en suis à la page 14 et j'ai vraiment du mal à poursuivre la lecture car chaque paragraphe m'intrigue par leur non sens.

Le directeur se précipite aux toilettes et devant le cadavre dit : "Pourquoi moi pourquoi moi ?"... Je pense alors que c'est un roman policier bâti sur le mode de la dérision. Ceci dans le but de faire sourire le lecteur afin d’alléger le côté grave du récit. Toujours devant le cadavre il s'ensuit des explications sur des événements précédents (annulation par le tribunal de la décision du directeur pour le centre d'appel) et ensuite des suppositions émises par la narratrice en voyant la tête du directeur (il pourrait se débarrasser du corps afin d'éviter tous tracas judiciaires !).

Mais le directeur se ressaisit et propose une alerte incendie pour faire sortir le personnel le temps de faire venir la police tout en obligeant au silence celle qui a fait la découverte.

Rien n'est cocasse alors que tout semble écrit pour l'être. La narratrice émet de suite des explications quant aux comportements de l'assassin. Ensuite la police arrive et la convoque dans le bureau du directeur pour sa déposition... J'ai du mal à croire tout ce qui est décrit (découverte d'une empreinte taille 43... Ce qui amène chacun à rechercher dans l'entreprise qui chausse du 43 !) Notre héroïne doit se rendre chez le procureur mais on lui confisque ses chaussures dans le cadre de l'enquête... La voilà partie les pieds garnis de sandales de bain en tissu blanc (c'est la honte) – et cela devrait me faire sourire mais non ! Noyée dans tant de détails insignifiants, je me sens vraiment éloignée de l'intrigue du départ. Dans cette histoire de meurtre, la police a une toute petite place, c'est quasiment la narratrice qui va mener l'enquête...

Je reprends les propos de la 4e de couverture auxquels je n'adhère pas du tout : « Drôle, enlevé et mordant, ce roman, après être devenu un best-seller sur Internet, n'a pas mis longtemps à trouver un éditeur et un producteur de cinéma ». Les comparaisons sont lourdes, mal à propos, l'intrigue sans suspens. Que des clichés de toutes sortes, des situations ridicules, une écriture sans finesse. Si j'avais découvert ce texte sur le net je n'aurais jamais poursuivi la lecture jusqu'à la fin. Je n'aime pas cette pratique d'humour au 3e degré jeté au fil du récit pour le rendre amusant, aucune situation ne m'a fait sourire ni vraiment captée.

Un livre "grand public" qui, s'il est ensuite adapté au cinéma, sera à l'affiche à grands coups de publicité... hum, et là encore très peu pour moi.

Régine Berlinski

 

L'avis de Jacqueline

Tout se passe dans une grande entreprise italienne, et plus exactement dans le service "Planification et Contrôle", et tout commence avec la découverte du cadavre de Marinella, dans les toilettes, par sa collègue Francesca Zanardelli. Laquelle Francesca est aussi la narratrice de la suite des événements. Tout y est : le travail insipide, les collègues incapables (à part Paolo qui agit sur elle mieux qu’un Valium !), l’ex-fiancé lâche qui lui a préféré une fille à l’avenir social plus prometteur, la déléguée syndicale qui ferait concurrence à la pire pasionaria, un père et une mère encore plus traumatisés qu’elle par le lâchage du fiancé, sans oublier le patron qui lui accorde, après sa découverte macabre, une attention qui ne cesse de la surprendre…

Voilà en quelques mots, le synopsis de ce roman dont le titre laisse à supposer qu’il s’agit d’un genre policier. Oui, bien sûr, parce qu’il y a meurtres en série, enquête, fausses routes, rebondissements…

Oui, mais pas seulement ; il y a aussi quelques belles saillies sur l’entreprise : au bureau le bruit court qu’il va y avoir une réorganisation. Tous les deux ans, le siège central lance un nouveau slogan : "Nous voulons des petites structures souples !", "Plus de perspectives et moins de personnel !", "Efficacité et synergie entre les branches !", avec pour résultat que pendant deux mois on ne parle que de la prochaine volte-face dans le programme, et que tout le monde essaie de deviner quels seront nos collègues "promus" ou "mis dehors".

De la même façon, les relations entre collègues sont décrites à la loupe grossissante et les travers de chacun - y compris les siens - sont copieusement assaisonnés : "Je ne pourrais pas supporter les conversations insouciantes des collègues à propos de leurs maris, alors que j’apprécie beaucoup les longues conférences de Paolo sur les essais historiques qu’il lit… Elle se plaignait tout le temps d’être sous-estimée, mais elle ne s’en sortait pas avec l’informatique…"

Quant à ses rapports avec sa mère, c’est un vrai régal : "Ma mère est une brave femme, mais quand elle s’y met elle est pire qu’une tique. Si elle se plante sur quelqu’un elle ne le lâche plus."  

Je dois l’avouer, j’ai mis du temps à accrocher : je trouvais que l’auteure, dans les premières pages, usait de trop de détails et d’effets littéraires pour nous mener sur une banale enquête policière (dois-je convenir que le policier n’est pas mon genre préféré ?). Las ! Quel plaisir je me serais refusé si je n’avais persévérer ? Ce roman est un savoureux mélange d’étude sociétale et d’enquête policière - je n’ai pas parlé de l’attitude des policiers, mais elle n’est pas passée à la trappe - et ce mélange, du début à la fin, est saupoudré d’une bonne dose d’humour du meilleur genre.

Jacqueline Fayolle

 

Merci à Régine et Jacqueline pour ces chroniques passionnantes !

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Commentaires (1)

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