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"La mésange et l’ogresse" de Harold Cobert [Club des Explorateurs #72]

"La mésange et l’ogresse" de Harold Cobert [Club des Explorateurs #72]

Cette semaine, Nathalie et Elisabeth ont lu La mésange et l'ogresse de Harold Cobert (éditions Plon)

Le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire un même titre et de confronter leur point de vue
 

L’avis de Nath :

 

Ce livre terrible m’a été recommandé par Nathalie Eirenamg, elle a su abattre mes réticences pourtant nombreuses. Je remercie Lecteurs.com et les Editions Plon qui m’ont permis de le lire, m’emportant au plus profond des abysses mentales, aux lisières de l’innommable …

Harold Cobert, que j’avais découvert avec son somptueux Hiver avec Baudelaire, nous entraîne cette fois dans la tête et les méandres hystériques  de Monique Fourniret, épouse et complice de l’ogre des Ardennes.  A moins qu’elle ne soit instigatrice ? En effet La mésange et l’ogresse fait référence à l’affaire Fourniret.

« Et puis faut pas croire, il est exigeant, mon fauve, très exigeant pour ses proies, comme avec son chien, il ne chasse pas n’importe qui, ça non, ce n’est pas toujours Noël, et quand bien même elles ne sont pas reparties, toutes ces filles, franchement, le viol, ce n’est pas mortel, dans d’autres pays, les fillettes violées, c’est presque normal, pourquoi on en fait tout un foin comme ça ? »

Au fil des pages, dans un style totalement oppressant,  le lecteur découvre comment un être humain peut basculer dans la folie absolue , devenir un monstre.  L’amour, la soumission et l’emprise peuvent-ils justifier l’injustifiable ? Les chapitres font se succéder les voix de Monique Olivier (épouse Fourniret) et le commissaire en charge de l’enquête.  Elle ne reconnaîtra son implication et la culpabilité de son époux qu’au bout d’un an. On peut donc se demander si elle est aussi faible qu’elle le paraît !

L’horreur, l’incompréhension et la noirceur jalonnent ce roman du début à la fin.

Tout le talent d’Harold Cobert a été dès lors d’éviter le voyeurisme, le sensationnel, les descriptions genre « le Nouveau Détective ». L’analyse de la psychologie de ces deux… (je ne trouve aucun qualificatif) est taillée au couteau,  le personnage du commissaire (et de son équipe) vient apporter une bouffée d’air, car l’apnée  vous saisit, vous plombe, vous enserre. Monique est-elle victime, finalement, d’un époux aliénant et délirant ? Est-elle consciente de ses actes ? Est-elle mésange ou ogresse ?

Cette lecture laisse des traces, c’est indéniable, tant le style et l’histoire sont intenses et fracassants.

J’en suis ressortie meurtrie, ébranlée et effarée par la puissance du Mal personnifié par ce couple au-delà de la folie.

Je ne peux que saluer le talent de l’auteur, car aborder un sujet pareil , c’est faire un quadruple saut périlleux arrière, en territoire « obscurissime ».  S’en sortir aussi brillamment qu’Harold Cobert l’a fait relève du  virtuose .

« Ce dont je suis certain, c’est que cette affaire nous aura tous transformés en profondeur. C’est le seul point que je peux concéder à Fourniret : cette affaire est celle d’une vie. »

© Nath Bertrand

 

L’avis d’Elisabeth :

 

Et si ce roman n'était pas une fiction ? Et si cette femme était bel et bien une ogresse, complice d'un monstre ?

Basé sur l'effroyablement célèbre affaire Fourniret, ce roman noir, dur et glaçant, revient sur ces faits tragiques ayant volé les vies d'une multitude de jeunes filles. Victimes de leur jeunesse, de leur pureté, des fous époux Fourniret... "La chasse" de leurs proies est un véritable supplice... Toujours le même scénario : ils les abordent, ils sont perdus, elles les guident, les aident, et puis ils les emmènent...

Enfermés dans leur folie, déni le plus total, on découvre peu à peu leurs personnalités, leurs passés, leur histoire, leurs stratagèmes, ce qui motive leur passage à l'acte...

Monique Fourniret se braque, campe sur sa position, bafouille, se fatigue et nous fatigue. Lui, Michel, la manipule, comme une marionnette, il en fait ce qu'il veut... Et elle s'exécute, comme une bonne assistante. Les inspecteurs de police ne lâchent rien, pendant toute une année ils vont s'acharner, chercher, étudier, interroger... Comme dirait Chris, comment une femme et mère peut s'adonner à de telles actions ?

La pression pèse sur les épaules de Monique. Alors qu'elle est sur le point de retrouver sa vie d'avant, "de la mésange et de son fauve", elle panique, elle parle, elle raconte... Une année au bout de laquelle la vérité se dévoile et délivre la police, et nous, lecteurs, de cette enquête machiavélique.

L'écriture d'Harold Cobert est juste, vraie... Remarquable histoire indéniablement bien orchestrée dont le rythme ne laisse aucun répit à son lecteur.

Très belle découverte suscitant l'envie de tenter "Un hiver avec Baudelaire" dont le titre est très intrigant, sans rien en révéler. Un immense merci aux éditions Plon et à lecteurs.com pour ce bon moment de lecture.

© Elisabeth Alves

 

 

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