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[Chronique] #49 Club des Explorateurs : Rahmatou et Hervé ont lu "L’ombre de nos nuits" de Gaëlle Josse

[Chronique] #49 Club des Explorateurs : Rahmatou et Hervé ont lu "L’ombre de nos nuits" de Gaëlle Josse

Le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.

Cette semaine, nos deux explorateurs ont lu « L’ombre de nos nuits » de Gaëlle Josse  (Noir sur blanc)

 

L’avis d’Hervé :

L’ombre de nos nuits est un livre d'une grande finesse et très poétique ; Il n'a peut-être qu'un seul défaut : son titre ; j'eus préféré « ombres et lumières ».

Le dernier opus de Gaëlle Josse est un jeu de miroir à trois voix (le maître Georges de la Tour, son apprenti et une femme sans nom) et deux histoires ; il raconte une troublante histoire d’amour qui met parallèlement en scène un tableau à des siècles d’écart.

Le point de confluence est le tableau du martyr de St Sébastien avec Irène à son chevet. A travers cette scène réalisée par le maître Georges de la Tour et copiée par son élève, une femme se remémore une ancienne passion mortifère.

Que de reflets communs : des secrets, des joies, des blessures et l’espoir de vivre quelque chose d’éternel et d’exceptionnel.

Telle une photographe, Gaëlle Josse zoome sur ces instants d'une rare intensité où l’on approche de la perfection dans la création et dans l’échange des regards.

Gaëlle Josse parvient à créer une petite musique douce, à la lumière d’une bougie entre lueur et ombre ; le tableau en couverture d’une beauté lumineuse imprègne tout l’ouvrage. Tout décor s’efface pour laisser le lecteur atteindre le cœur des personnages à la recherche de leur vérité.

Cette vérité est aussi la nôtre, l’accord parfait n’existe pas. Tout le mérite revient à l’auteur qui, par petites touches toutes en nuances, fait chavirer les sentiments et tanguer entre joie et peine.

À chacun de revisiter les mystères de son cœur au travers du filtre des tableaux et les souvenirs en mode clair-obscur qui s’y rattachent ; La magie  de Gaëlle Josse embarque le lecteur sur les rivages de la sensibilité où valsent les regrets, l'oubli et les embellissements.

Un livre à découvrir et à relire avec des ombres et des lumières différentes.

© Hervé Gabeloteau

L’avis de Rahmatou :

Le lecteur est instantanément envoûté par l’illustration de la jaquette (une reproduction du tableau de George de la Tour Saint Sébastien à la lanterne, dont l’original aurait été égaré et dont la copie anonyme est exposée au Musée des Beaux-Arts de Rouen). Dans « L’ombre de nos nuits » Gaëlle JOSSE propose au lecteur un double récit : celui d’un peintre lorrain du début du dix-septième siècle tentant de s’approprier et de personnaliser le caravagisme[i] secondé par son apprenti et son fils ; et celui d’une femme de la France actuelle revivant sa dernière aventure sentimentale.

Elle désosse la relation amoureuse, dissèque les sentiments, les explore, les examine,  les étudie, faisant passer le lecteur, avec son héroïne, par toute la palette émotionnelle dont dispose l’être humain : peur, angoisse, espoir, exaltation … et toujours : l’amour. Dans son étude du comportement amoureux, elle met en lumière les efforts démesurés et « coups de folie » que l’humain est capable de produire pour séduire.

Au même titre que l’amour, la peinture se révèle être un personnage à part entière, dont l’apprentissage est présenté comme une école de vie. Aidée d’un vocabulaire spécialisé et de sa vaste connaissance du monde des arts, l’auteure offre au lecteur plusieurs métaphores transposables de la peinture à la littérature, aux autres disciplines artistiques (la création vue comme une procréation), à la relation amoureuse et à la vie… La force de ces liens créés, tels des ponts jetés entre des mondes semblables bien que distincts est d’une beauté époustouflante...

Se plaçant diamétralement à l’opposé de la simple restitution du contexte historique, elle parvient à se glisser dans la peau d’un personnage de l’époque, habiter ses pensées, transcrire ses ressentis, en particulier le côté très craintif, religieux et superstitieux des populations du dix-septième siècle. L’auteure se révèle, en outre, une analyste chevronnée des comportements humains. Son écriture est d’une simplicité et d’une efficacité redoutable. Elle va droit au but et ne s’embarrasse pas de fioritures.

Chez Gaëlle JOSSE, rien n’est anodin : chaque description entre en résonnance avec le comportement, le ressenti de l’un des personnages ou avec des événements survenus dans son histoire. Chaque passage qu’elle écrit revêt un sens de l’à-propos particulièrement intense.

La délicatesse d’une voix et le sublime d’une plume pour dire l’amour de l’art et l’art de l’amour : une pépite.


[i] Courant pictural de la première moitié du dix-septième siècle né suite au travail du Caravage et caractérisé par de forts contrastes d’ombres et de lumières (clair-obscur).

© Rahmatou Sangotte

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